Marguerite Varlot épouse Belloni
(1899-2000)

Marguerite Varlot est née le 21 octobre 1899 à Amiens. Son père Abel Jules Varlot (1875-1923) était Compagnon, exerçant le métier de serrurier d’art. Sa mère, Adrienne Crampon (1881-1966) était culottière.


Abel Varlot
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Adrienne Crampon
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Marguerite vers l'âge de 7 ans
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A l’âge de 15 ans, elle entre comme apprentie chez une repasseuse, passage du Commerce à Amiens. En 1916 et 1917, elle travaille dans une tisserie, au tissage du velours, l’entreprise Block et Mayeur, puis à Bonneuil-les-eaux, car son père y avait un contrat, également au tissage, puis   retour à Amiens où elle a à nouveau tissé le velours dans une usine. La guerre se poursuivant, à la place du velours elle tisse de la toile de jute pour faire des sacs à terre pour protéger les tranchées et les monuments. La veille de Noël 1917, des bombes sont tombées sur l’usine. Tout a été détruit. Marguerite se retrouve alors sans travail.


Marguerite vers l'âge de 17 ans
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Le 28 mars 1918, la population amiénoise évacue la ville face à l’offensive allemande. Après avoir couché pendant un mois dans les souterrains de la citadelle, creusés en 1870 et qui vont à Doullens, c’est de la gare de Longuau, ce 28 mars, que Marguerite et sa famille partent   pour Rouen. De là, après trois jours et trois nuits de voyage, ils arrivent à Agen (Lot-et-Garonne) le 5 avril 1918. Elle parvient, avec ses sœurs, à trouver du travail chez des paysans.

Le 2 juin 1918, en se rendant au cinéma de Sainte-Livrade, elle rencontre son futur mari, Jean Arthur Belloni. Tous deux se marient le 10 janvier 1920. Six ans plus tard, le 30 avril 1926, naît leur fille unique Jeannine.   Sa marraine était Marcelle Cavaillé, une amie de la famille.


Mariage de Jean Belloni et Marguerite Varlot
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Avec leur fille Jeanine
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En 1936, Marguerite est secrétaire du Secours Populaire de Villeneuve. Mais en septembre 1939, une nouvelle guerre éclate.   Du 1 er mai 1939 jusqu’en 1944, Marguerite travaille à la Coplot, coopérative agricole. Dès 1940, son mari, Jean, s’engage dans la Résistance dans la région de Villeneuve aux côtés de son grand ami Gaston Cavaillé. Le 15 juin 1941, tous deux sont arrêté et, après différentes prisons (Agen, Toulouse, Tarbes), ils se retrouvent à Eysses (Villeneuve sur Lot). C’est là, qu’avec sa fille, Marguerite peut lui rendre visite. Et, c’est là également que Jeannine fait connaissance avec son futur mari Georges Lapeyre, qui se trouvait également interné pour fait de résistance.  Marguerite et sa fille Jeannine aident, à leur manière les internés d’ Eysses, en sortant clandestinement de la Centrale leurs courriers. Marguerite se trouvait au cimetière Sainte-Catherine le jour où les corps des douze fusillés de la Centrale ont été inhumés. Ne sachant pas les noms des fusillés, elle ignorait si son mari en faisait partie. Un brigadier de police lui assura que non mais elle ne parvint pas à voir les cercueils. Le lendemain matin, avant d’aller à son travail, elle est revenue au cimetière et, accompagnée de Mme Pujols, la concierge, elle s’est rendue sur les tombes des fusillés. Elle obtient alors la certitude que son mari ne figure pas parmi les fusillés. En revanche, il y a là la tombe de Jean Vigne dont la maman couchait chez elle quand elle venait voir son fils. Les cercueils étaient simplement alignés dans une grande fosse commune et quelques pelles de terre avaient été jetées dessus. En accord avec la concierge, elle prit sur la tombe d’à côté, qui n’était qu’un monticule de terre à l’époque, le bouquet de fleurs qui était dans une boîte et les éparpilla sur le bout des cercueils. C’était sa manière de leur dire un dernier adieu.

Jean Belloni est déporté le 20 juin 1944 au camp de concentration de Dachau sous le matricule 73070. Il est rapatrié de ce camp le 17 mai 1945. Gaston Cavaillé, également déporté, reviendra aussi de l’enfer des camps.

A la Libération, Marguerite est surveillante au camp de Carrère qui dépendait de la Centrale d’ Eysses. Elle y gardait les femmes de collaborateurs, de miliciens…   Lorsque son mari est de retour de déportation, ils décident de s’installer à Amiens, ville natale de Marguerite. Entre 1945 et 1947, ils s’investissent tous deux dans les activités de l’Amicale d’ Eysses. Suite au décès de Jean en 1947, elle est obligée de rentrer comme bonne dans une menuiserie, rue du Vivier. C’est à peu près à cette période qu’elle reçoit l’insigne des veuves de guerre, son mari ayant obtenu la mention « Mort pour la France ». En 1948, elle trouve une place d’ouvrière à l’entreprise Louria à Amiens puis effectue de la couture à domicile pour la société EMC. Du 6 décembre 1948 au 6 septembre 1949, Marguerite travaille comme ouvrière à la menuiserie Saint-Omer à Amiens.

Jeannine, son mari Georges (ils se sont mariés en 1948) et Marguerite s’installent à Versailles. En octobre 1950, Marguerite travaille pour la Chemiserie Bour à Versailles, en qualité d’ouvrière. Plus tard, Mme Bour la garda comme bonne et comme dame de compagnie.   Marguerite y est restée jusqu’à sa retraite en 1965. Elle avait alors 66 ans. En juillet 1978, elle est de retour à Villeneuve-sur-Lot et s’installe au Foyer de l’Automne, maison de retraite de Villeneuve.


Marguerite en 1995
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A partir de 1947 et jusqu’au décès de Gaston Cavaillé en 1975, elle accompagne celui-ci dans tous ses déplacements, représentant l’Amicale d’ Eysses, l’ ANACR du Lot-et-Garonne ou la section départementale de la FNDIRP à de nombreux congrès et à de nombreuses cérémonies. Jusqu’à la fin de sa vie, Marguerite est restée fidèle à la mémoire d’ Eysses.

Marguerite Belloni est décédée le 17 décembre 2000 à Villeneuve dans sa 101ème année.