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Camp de Dachau, 1-5-45

Chère Margot et Jeannine chérie,

         C’est dans la joie que je vous envoie ces quelques mots, sans doute vous m’avez cru mort, heureusement pour moi je me suis pas démoralisé un seul instant. J’ai toujours gardé un bon moral, et confiance. J’espère que vous deux vous avez été comme moi.

         Nous avons beaucoup souffert des traitements qu’on nous infligeait. Mais cela je vous le raconterai de vive voix à mon retour. Je crois que nous serons en France Dimanche prochain.

         Tout d’abord je tiens à vous dire que nous avons été libéré samedi 29 avril à 5h20 exactement l’après-midi par les troupes américaines, le premier soldat qui est rentré dans le camp était une femme, on la porter en triomphe, embrasser, c’était du délire.

         Aujourd’hui nous avons fêter le premier mai. Nous avons défilé par nation et le drapeau de chaque nation, c’est-à-dire les Français drapeau tricolore, drapeau rouge avec marteau et faucille, les Russes avec un grand portrait de Staline, les Polonais, les Yougoslaves, les Tchèques, les Allemands certains enfermés depuis plus de dix ans, nous avons été filmé par les Américains. Tout cela sera reproduit dans les cinémas français. Malheureusement beaucoup de camarades sont morts, tués par le typhus ou par la racaille nazie, ici dans notre camp il en est mort des milliers. Moi je n ’est pas trop souffert malgré les 25 et 26 degrés en dessous de zéro et la neige qui est restée plus de deux mois. Une fois de plus mon métier m’a sauvé la vie. J’étais au Commando des Tailleurs, chauffage central, c’était un peu dur car on travaillait douze heures par jour, lever à 4h et demi, ce qui correspond à 3h et demi en France coucher à 9h.

         J’aurais un journal à vous faire, mais je ne puis vous le dire sur cette lettre, d’abord vous ne le croiriez pas. Si je ne l’avais pas vécu moi même, j’aurais jamais crue qu’en Europe il existe un pays où les gens sont si cruels, sur cent allemands il y a peut-être un de bon et encore, et dire qu’il y avait des Français qui soutenaient ces bandits.(...). Plus de mauvais sang jusqu’à mon retour.

Bons baisers,

A. Belloni



Dachau, le 10 mai 1945

Chère Margot et Jeannine chérie,

         Ce matin je vous ait fait une longue lettre je pense qu’elle vous parviendra, mais comme ce soir un de mes meilleurs camarades part pour la France, il m’a dit de faire une autre lettre, qu’il me l’emporterai comme cela je serais sûr qu’elle vous parviendra.

         Ce soir on nous a fait une prise de sang, pour moi c’est négatif, c’est-à-dire que pour le moment je n’ai aucun organe d’atteint. Ceux qui n’ont rien vont-ils être rapatriés, nous n’en savons rien. Je vais encore patienter quelques jours, si au courant de la semaine prochaine on ne parle pas de nous rapatrier et bien je vous jure que je mettrai tout en oeuvre pour m’évader de ce bagne car j’en ai marre. Beaucoup de camarades Français sont déjà parti, il n’y a aucun risque, il s’agit seulement de ce faire faire un papier signer pour pouvoir sortir du camp, et, de là, pouvoir gagner les lignes françaises qui sont à environ cinquante kilomètres.          N’ayez aucune crainte, je ne partirai pas seul, j’ai des bons camarades qui s’occupe de moi. D’abord parce que les Français de mon bloc m’ont désigné comme secrétaire de leur cellule. Si je vous dit cela c’est pour vous faire voir que j’ai ici comme partout où je suis passer j’ai garder toute leur sympathie. J’ai toujours fait mon petit travail de Communiste même quand nous étions garder par les nazis, malgré le gros danger que nous courrions si nous avions été pris; et cela la direction du Parti ne l’oublie pas, par conséquent chère Margot et Jeanine chérie pas de mauvais sang sur mon cas. Comme je vous le dit plus haut, j’en ai marre, mais non découragé. Je veux bien patienter encore huit jours, après je verrais ce qu’il me reste à faire. Ce que je peux te dire c’est que je commence à pas aimer ces américains qui nous retienne si longtemps prisonnier. Car j’ai hate de vous serrer dans mes bras après une si longue séparation. Dans les prisons françaises grâce à mon métier je n’ai pas trop souffert, ici mon métier ma sauvé la vie car sans cela il y a déjà longtemps que je serais passer au four crématoire comme des milliers de camarades y sont passer, tout leur était bon, ils étaient d’une finesse inouie dans leur cruauté ces barbares, mais passons, la bête infernale est abattue grâce à la vaillante armée rouge et ses alliés.

         Je ne peux par lettre vous raconter tout ce qui s’est passé ici. C’est incroyable. Le peuple de France saura tout à notre retour car nous avons des documents irréfutables qu’ils n’avaient pas pu emporter, tous les événements se sont précipités, grâce aussi à la population civile de Dachau qui se sont révoltés, et ont par se fait aider les Américains à délivrer Dachau, ainsi que la population de Munich. Je vous raconterai avec plus de détails tout cela à mon retour, d’abord vous devez savoir beaucoup de choses par les radios et les journaux.

Bons baisers et à bientôt, du courage comme moi j’ai toujours eu, c’est ça qui m’a sauvé la vie.

Belloni Arthur.