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Paulette Lapeyre
1926 – 1944


Paulette Lapeyre
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Née le 30 septembre 1926 à Montlouet (Eure-et-Loir), tuée au maquis le 21 août 1944 à Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne), étudiante à l’école de secrétariat Pigier, agent de liaison FTP.

Fille de Paul Lapeyre (1896-1963), ajusteur-mécanicien, et de Georgette Lecoq (1900 – 1971), mère au foyer, Paulette naquit le 30 septembre 1926 à Montlouet (Eure-et-Loir). La fratrie comprenait 13 enfants dont Georges et Gabriel qui rejoignirent la Résistance, tout comme Paulette. 
Au début de la guerre, la famille se réfugia à Limoges. Ses frères Georges et Gabriel rejoignirent en février 1943 un groupe de résistants de Limoges surnommé « Le 17e Barreau ». Arrêtés avec la plupart des membres du groupe, condamnés à un an de prison par la section spéciale de la cour d’appel de Limoges le 27 août 1943, ils furent incarcérés à la maison centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne) puis libérés le 6 avril 1944 pour être envoyés dans un chantier de jeunesse du Cantal. En juillet 1944, tous deux intégrèrent, en qualité de sous-officiers, le maquis FTP de Pressac commandé par le lieutenant-colonel Bernard Le Lay. 
Lors de l’incarcération de ses deux frères à Eysses, en leur rendant visite, Paulette en profitait pour faire sortir de la centrale les lettres clandestines des détenus à leurs familles. 
Le 21 août 1944 à 21 heures, le corps d’une jeune fille non identifiée fut déposé à la morgue d’Aixe-sur-Vienne après avoir été découvert sur le bord d’une route démuni de papiers d’identité. Le médecin lui attribua le nom figurant sur la plaque du vélo qu’elle avait emprunté pour venir de Limoges. Quelques heures plus tard, le corps fut identifié par Ludovic Marty du 5e régiment de la Garde comme étant celui de Paulette Lapeyre. Entre temps, son frère Georges avait récupéré ses papiers d’identité et son brassard FFI. 
Selon certains témoignages, Paulette était agent de liaison entre le maquis de Guingouin et le maquis du lieutenant-colonel Bernard. Le 21 août 1944, elle était venue apporter des renseignements à ses frères Georges et Gabriel sur la situation à Limoges. 
En octobre 1944, la commission d’épuration de Confolens puis le CDL ouvrirent une enquête sur cette mort mystérieuse suite à l’insistance de deux frères de la victime, tous deux sous-officiers au maquis « Bernard ». Le résultat de l’enquête révéla que Paulette Lapeyre avait été tué par le lieutenant FTP « Fanfan ». Alors qu’elle se rendait auprès de son frère au château de Reignefort, elle croisa sur place le fameux « Fanfan » qui, de suite l’entraîna dans son bureau pour y subir un interrogatoire, la jugeant « suspecte ». C’est dans ce bureau que Paulette fut tuée d’une balle de mitraillette. Le lieutenant « Fanfan » évoqua de suite un accident dû à la fiabilité douteuse de la Sten. 
Mais les dépositions de ses camarades vinrent ternir cette version des faits. Paulette aurait reconnu en lui un milicien de Confolens et aurait essayé d’en faire part à ses frères. Se sentant démasqué, « Fanfan » l’aurait abattu dans le huis-clos de son bureau. Ce dernier resta sur sa position, déclarant qu’il s’agissait d’un accident. Or selon les témoignages recueillis, vu la position de la mitraillette, le coup n’avait pu être déclenché que suite à une manipulation de l’arme par « Fanfan ». 
Des dépositions recueillies par la gendarmerie, il ressort que plusieurs témoins avaient vu le nommé « Fanfan » en uniforme de milicien à Paris puis à Confolens mais qu’il avait réussi à rejoindre le maquis FTP de Bernard début août 1944. 
La mère de Paulette, Georgette, vient chercher le corps de sa fille le lendemain. Elle fut inhumée dans le cimetière de Limoges. Son frère Georges, grièvement blessé le jour-même lors de la prise de Limoges et hospitalisé, ne put se rendre aux obsèques de sa sœur. La mention "Mort pour la France" lui a été attribuée le 4 mai 2018.

SOURCES :
Archives Association généalogique des familles Bourrée et Lapeyre. — Arch. Dép. de la Haute-Vienne. — Xavier Laroudie, Un seul châtiment pour les traîtres. Haute-Vienne 1944. Epuration et libération dans la douleur, Geste Éditions, 2015.


VOIR EGALEMENT L'ARTICLE DE XAVIER LAROUDIE

Fabrice Bourrée